Quand la ville se lève
Après l’écriture d’Une Place Dépeuplée et la création du Noyé du Cher, Charlotte Lagrange poursuit l’écriture d’un texte qui interroge l’impact du territoire, de l’urbanisme et de la domination de la terre sur les trajectoires intimes de chacun.
Création 2025
CALENDRIER DES RÉSIDENCES DE RECHERCHES ET RÉPÉTITIONS
2023
→ du 16 mai au 27 juin : Résidence d’écriture à Montréal avec le CALQ et le CEAD
→ 9 au 13 octobre : Résidence d’écriture et de recherche sur le territoire – Culture Commune – Scène Nationale de Loos-en-Gohelle
→ Semaine du 16 octobre : 3 jours de travail à la table dans les bureaux de la compagnie
→ Mois de novembre 2023 : Résidence d’écriture et de recherche sur le territoire – Scène de Recherche – Gif-sur-Yvette
2024
→ Mois de janvier et février : Résidence d’écriture et de recherche sur le territoire – Scène de Recherche – Gif-sur-Yvette
→ 15 au 19 janvier et 5 au 9 février : Résidence d’écriture – Culture Commune Scène Nationale du Bassin minier du Pas-de-Calais, Loos-en-Gohelle
→ 25 au 29 mars : Recherche au plateau – Scène de Recherche – Gif-sur-Yvette
→ Dates en cours : 1 semaine de recherche au plateau avec deux personnes – Le Nouveau Relax, Scène conventionnée de Chaumont
→ à l’automne : 2 semaines de résidence de de répétitions – lieu en cours de recherche
2025
→ 3 semaines : Construction décor et répétitions – Théâtre de l’Union – CDN du Limousin, Limoges
→ 2 semaines : Répétitions – Scène de Recherche – Gif-sur-Yvette
→ 2 semaines : Répétitions – Le Nouveau Relax, Scène conventionnée de Chaumont
→ 3 semaines : Répétitions – lieu en cours de recherche
Distribution
Texte et mise en scène : Charlotte Lagrange
en cours
Production
Production La Chair du Monde
Coproduction – en cours Le Théâtre du L’Union – CDN de Limoges, L’ACB – Scène Nationale de Bar-le-Duc Meuse, Le Nouveau Relax – Scène Conventionnée de Chaumont, La Scène de Recherche – Gif-sur-Yvette
Recherche de partenaires en cours
Soutien La Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon – Centre National des écritures du spectacle, le CALQ (Conseil des Arts et des Lettres du Québec) et le CEAD (Centre des Auteurs Dramatiques)
Note d'intention au 30 juin 2023
Après avoir travaillé sur les mécanismes souterrains de la gentrification dans une courte pièce intitulée Une place dépeuplée, puis sur la manière dont la ville est le lieu mais aussi l’objet des luttes sociales dans une pièce destinée à être jouée dans les rues de Montluçon et intitulée Le Noyé du Cher, j’aimerais prolonger mes recherches pour aborder la question du territoire à une plus grande échelle. Alors que la première pièce avait pour contexte une place publique et la seconde une ville, cette troisième pièce se jouera à une échelle nationale, voire internationale.
Cela sera une manière d’aller plus loin dans la compréhension de l’impact de l’aménagement du territoire sur les destinées individuelles et sur l’intériorisation des rapports de pouvoir. Car il me semble qu’on ne peut comprendre les évolutions locales que par leurs intrications aux enjeux nationaux et internationaux.
J’aimerais ainsi écrire une pièce polyphonique, une fresque de plusieurs heures, où des trajectoires intimes, éloignées en apparence, seront tissées les unes aux autres par un grand projet d’aménagement du territoire. Cela formerait une ramification de fictions singulières à l’image des réseaux de transports et de communication entre les villes et les pays.
D’un seul cortège de Laurent Gaudé guidera ma recherche formelle. Ce roman fait dialoguer des personnages par-delà les frontières géographiques et par-delà la mort, pendant que le cortège funéraire d’Alexandre le Grand traverse les terres qu’il avait conquises.
J’aimerais m’inspirer de cette manière de faire avancer une même fable par l’entrechoquement de personnages aux histoires et aux géographies distinctes pour écrire Quand la ville se lève.
La domination de la terre et les rapports de pouvoir humains se lisent en creux dans le récit mythique de Laurent Gaudé. C’est ce lien-là, entre ces deux problématiques de pouvoir sur l’humain et sur les territoires, travaillé par le trouble entre le réel et l’invisible qui m’intéresse particulièrement.
Comment habite-t-on le monde et comment nous en sentons- nous les possesseurs ou les locataires provisoires ? Comment intériorisons-nous les rapports de domination sur les humains et sur la terre ?
Pour écrire la pièce, j’ai besoin d’entrer dans un regard subjectif en rencontrant des personnes, en écoutant leurs histoires et leurs points de vue intimes.
Il me faut quitter la vision géographique pour plonger dans une vision kaléidoscopique et intime de ces enjeux.
Il me faut partir du réel, des mécanismes souterrains d’aménagement du territoire, d’appropriation des terres et d’expulsions des habitants pour fictionner et écrire une pièce qui soit documentée sans être pour autant documentaire.
J’aimerais donc travailler sur un grand projet d’aménagement du territoire en rencontrant les nouveaux habitants et les nouveaux usagers, ainsi que celles et ceux qui connaissaient et vivaient l’espace autrement. Je voudrais comprendre comment ces projets sont perçus subjectivement.
A quel point avons-nous conscience de l’évolution de l’espace et de la manière dont celle-ci change notre rapport au monde ?
A quel point celles et ceux qui pensent ces aménagements du territoire sont-iels consciente·s de l’impact et des échos profonds en chacun·e ?
Mais également : comment ces projets se forment ? Car si souvent on imagine que c’est la pensée d’un architecte ou d’un urbaniste qui s’applique sur un espace, c’est peut-être davantage par la multitude de pensées et d’enjeux qui se greffent les uns aux autres que se modifient non seulement l’espace visible mais les relations sociales et les relations intimes aux lieux.
Je m’interroge sur le fait d’utiliser tout l’espace du théâtre. Pas seulement la boîte noire, mais aussi le hall, les possibles parvis, éventuellement les coulisses ou les espaces de stockage, pour recréer à chaque représentation un parcours in situ qui permette aux spectateurs d’être eux-mêmes dans le mouvement et la traversée de la fiction.
J’aimerais ainsi créer un lien entre l’intérieur et l’extérieur. Ne pas me restreindre à la boîte noire. Mais au contraire, créer un cheminement pour y entrer ou pour en sortir.
En tissant plusieurs fils narratifs, j’aimerais ouvrir la possibilité d’avoir plusieurs entrées en matière, plusieurs mondes qui se côtoient, travaillés par des registres différents. Il est possible qu’un des fils narratifs déploie un monde fait de figures oniriques incarnées par des marionnettes. Je poursuivrai ainsi le travail mené avec Laura Fedida lors de la création de Canines de Lait.
Pour préparer cette nouvelle pièce, je vais mener une recherche auprès d’urbanistes, de sociologues et d’ « usagers », d’habitants ou passagers sur plusieurs territoire : la ville de Montréal au Québec, le territoire d’implantation de la Scène de Recherche à Gif-sur-Yvette et le territoire minier de Loos-en-Gohelle avec la scène nationale Culture Commune.
Charlotte Lagrange