Le Noyé du Cher

Une déambulation sonore
Création sur le territoire dans le cadre de l’association au Théâtre des Ilets – CDN de Montluçon
Le Noyé du Cher sera une déambulation sonore dans Montluçon. Casques sur les oreilles, vous entendrez les voix intérieures ou fantomatiques de trois personnages qui vous mèneront dans une histoire fictive, un polar immobilier, inspiré des témoignages des habitants. Vous suivrez ces personnages dans leurs souvenirs adolescents et dans leur enquête sur l’avenir trouble d’un certain Marcello, héritier d’une famille de capitaines d’industrie. Et vous enquêterez ainsi sur la domination sociale et économique à travers la ville et par delà les murs.

Création le 30 avril 2022
Rendez-vous Place Piquand à Montluçon
Pour réserver : Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon

Saison 22/23

→ Samedi 10 et Dimanche 11 septembre 2022 à 17h
→ Dimanche 18 septembre 2022 à 17h
→ Samedi 1er et Dimanche 2 octobre 2022 à 17h
→ Samedi 9 et Dimanche 10 octobre 2022 à 17h

Saison 21/22

→ Samedi 30 avril et Dimanche 1er mai 2022 à 17h
→ Samedi 7 mai et Dimanche 8 mai 2022 à 17h
→ Samedi 14 et Dimanche 15 mai 2022 à 17h
→ Samedi 21 mai et Dimanche 22 mai 2022 à 17h
→ Samedi 4 et Dimanche 5 juin 2022 à 17h
→ Samedi 11 et Dimanche 12 juin 2022 à 17h

Texte et mise en scène : Charlotte Lagrange

Création sonore, musicale et collaboration artistique à la mise en scène : Bertrand Devendeville

Costumes : Aude Desigaux

Avec les comédien.ne.s de la Jeune Troupe des Îlets
Sandre : Claire Angenot
Annie : Olive Malleville
Marcello : David Damar – Chrétien
et la voix du flic : Bertrand Devendeville

Régie générale : Sophie Barraud & Simon Zaderatzky

Production : Théâtre des Îlets – CDN de Montluçon • Le projet est cofinancé par l’Union Européenne dans le cadre du Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER)

Spectacle programmé dans le cadre du festival « Dire, lire et conter », de « La Semaine des paysages » du PETR Pays de la Vallée de Montluçon & du Cher, et dans le cadre de « L’Été culturel 2022 »

Photos – Florian Salesse

Le Noyé du Cher - La montagne

Genèse du projet

Pendant le premier confinement, l’organisation des villes m’a beaucoup interrogée. Cette période a particulièrement révélé les différences sociales… On n’a pas vécu le même confinement selon qu’on habitait en ville ou à la campagne, mais aussi selon où on habitait dans la ville.

J’ai eu envie de travailler sur l’organisation des villes, la manière dont elle dévoile ou parfois voile les rapports de pouvoir sociaux. A regarder larchitecture on peut deviner lhistoire mais aussi la manière dont les classes sociales se sont inscrites et sédimentées les unes par rapport aux autres.

J’ai commencé à enquêter sur la gentrification à Paris, dans le 19ème arrondissement. Un atelier avec des habitants m’a permis de ressentir tangiblement les mécanismes par lesquels les classes les plus pauvres étaient progressivement repoussées en dehors des centres puis vers les périphéries. Il en est sorti un monologue intitulé « Une place dépeuplée ».

Puis j’ai rencontré Carole Thibault et je suis revenue à Montluçon où j’avais eu la chance de faire il y a quelques années une de mes premières résidences d’écriture. Elle m’a raconté cette ville et invité à rencontrer des gens qui y étaient nés, qui l’étudiaient ou simplement qui l’aimaient. De fil en aiguille, des habitants m’ont présenté d’autres habitants. De fil en aiguille je me suis retrouvée dans la forêt de Tronçais.

En dehors de la région, peu de monde connait Montluçon. Pourtant, au milieu de la France, cette ville cristallise l’histoire dont elle est issue, elle a sédimenté dans son urbanisme les couches de révolutions et de crise, de révolution industrielle notamment, et de crise économique à rebondissements. Certaines de ces couches se voient à l’oeil nu. Parfois il faut les deviner.  Derrière les murs épais ou les portes cochères.

En dehors de la région, beaucoup pensent que Montluçon est une ville pauvre, mais son urbanisme est encore à l’image des luttes sociales, et il en est peut être aussi l’enjeu premier.

J’ai écrit la pièce Le Noyé du Cher en m’inspirant des témoignages et des récits intimes que j’avais recueillis. En les déplaçant, les transformant. En mentant, d’une certaine manière. Car mentir sur le réel est peut être la manière la plus évidente de dire la réalité, et le caché, de le mettre en lumière sans trahir.

Cette création dans l’espace urbain sera pour moi une première. La ville dont je m’inspire sera le cadre de l’histoire, son paysage, son arrière-plan. Quelque part, Montluçon sera le premier personnage de cette pièce polar. Les trois autres seront incarnés par les comédien.ne.s de la jeune troupe des Îlets. Les rôles ont été écrits pour eux.

Pour monter ce spectacle, j’ai demandé à Bertrand Devendeville, artiste dans l’espace urbain de m’accompagner, non seulement sur la création sonore, mais sur la réflexion globale de la déambulation. Comment guider, comment recréer des scènes intimes au coin d’une rue, comment transformer par la seule narration, comment traverser un boulevard passant tout en suivant une histoire intime etc…

Ce processus de création est une recherche incessante, une exploration qui j’espère fera du spectacle un nouveau terrain d’exploration pour chacun.e de vous.

Charlotte Lagrange


Extrait

Marcello – Elle revient
Sandre
Elle revient dans son pays de Montluçon
Sandrine elle s’appelle
Mais elle préfère Sandre
Elle préfère les cendres qui lui rappellent les descriptions de son père
Amoureux de cette ville noire de monde et de charbon
De ses heures loin d’être sombres
Des plus belles heures de Montluçon la glorieuse
La ville industrielle
qu’il aimerait reconstruire
par son entreprise de pneu
et ses magasins de plus en plus nombreux
La reconstruire à l’image de son enfance perdue
petit auvergnat
atterri ici
comme un nouveau monde
où tout était possible
Sa nostalgie à force
il l’a transmise à sa fille
qui parfois regrette
qui parfois fuit
et aujourd’hui revient
dans son pays
par loyauté envers son père
et aussi par envie
d’en découdre avec une histoire de pigeons et d’étourneaux
sur l’avenue des fientes à Napoléon
comme on l’appelait tous les trois